Une nature sauvage sur les bords de Marne

Publié le 2 Juin 2018

Les êtres humains ne sont pas les seuls à apprécier les bords de Marne, nos amies les bêtes aussi. Si vous ouvrez les yeux, vous apercevrez des espèces rares et protégées, d'autres beaucoup plus communes, voire nuisibles...

* Le cygne tuberculé


Toujours avec leurs parents, les cygnons ! Si vous regardez bien, vous en verrez des blancs, et d'autres avec un plumage brun grisâtre -qui le restera jusqu'au premier, voire deuxième hiver-. Peu farouches, ils peuvent se montrer agressifs, notamment les parents pour protéger leurs petits, alors un bon conseil, s'ils émettent un sifflement, reculez. Ils se nourrissent essentiellement de végétaux, mais ne dédaignent pas les insectes aquatiques. Avec un peu de chance, vous assisterez à leur envol... magique !


* La grande aeschne
Une libellule de grande taille, protégée, que vous pourrez peut-être voir cet été. Vous la reconnaîtrez à ses couleurs, fumé-roux pour les ailes, brun rouge pour le corps et brun-bleu pour les yeux.

* Le héron cendré
Tout est long chez lui, les pattes, le cou, le bec, les pattes, sur lesquelles il se tient droit... Il peut même rester des heures immobile sur une seule patte. Majestueux avec son plumage blanc et gris, sa crête noire, le voilà qui détend vivement son cou et transperce sa proie (poissons, rongeurs...) avec son bec, quand il ne l'assomme pas !

* Le martin-pêcheur

Haut en couleurs - bleu azur ou bleu vert en passant par orange-, on ne distingue pas ses battements d'ailes tellement sa trajectoire est rectiligne, à quelques centimètres au-dessus de l'eau. Et le voilà qui plonge de manière spectaculaire pour attraper une proie -petits poissons, crustacés ou insectes- avec son bec fin comme un poignard, alevin, ablette ou goujon... Le martin-pêcheur d'Europe aime les berges de la réserve naturelle départementale du 94, dans lesquelles il creuse les tunnels pour y nicher. Ces derniers temps, il apprécie aussi l'île des Loups, donc on a la chance de l'apercevoir, comme là, tranquille, en pose pour la photo.

* La sterne pierregarin


Cette sterne à la tête couverte d'une calotte noire, au bec rouge terminé par une pointe noire, est un as de la plongée... Regardez la fondre dans l'eau depuis le ciel, pour capturer les petits poissons dont elle se nourrit, c'est beau.  

* Et bien d'autres comme le Verspertilion de Daubenton, une micro chauve-souris de 5 cm de long qui se développe essentiellement dans les zones humides (nourriture : insectes aquatiques) ; le faucon crécerelle, (avec son mâle à la tête et côté du cou gris bleuté, au tour des yeux jaune, au bec gris foncé et à la moustache noire ; sa femelle aux teintes plus brun-beige), l'élégante bergeronnette des ruisseaux (dessous jaune vif, dos gris, longue queue et pattes rose), la rousserole verderole...


* Des espèces communes, les canards 

Le colvert, très mâle : il tire son nom de la couleur vert brillant du mâle en période nuptiale. Sans doute le canard le plus commun, la plupart du temps en couple, en famille ou en groupe.
Le canard de Barbarie : pas forcément le plus beau -enfin tout est question de goût- avec sa peau rouge qui part du bec. Il y a quelques années, on  voyait ce canard en couple, puis seul, puis plus du tout... C'est triste.

Les oies bernaches

Oie bernache, bords de Marne

Grandes, -elles mesurent entre 75 et 110 cm de longueur, et 127 et 185 cm d'envergure- elles sont arrivées sur les bords de Marne. S'y sont trouvées bien... Et désormais elles y nichent. A noter qu'elles choisissent un partenaire pour la vie, et qu'elles s'y tiennent.
 

 

 

 

 


 

 

Toutes les espèces ne sont pas les bienvenues !
Même si certaines ont l'air bigrement sympathique, elles n'ont rien à faire dans le coin. Non pas qu'il ne soit pas accueillant, loin s'en faut, mais comme elles ont été introduites dans un milieu naturel qui n'est pas le leur, elles ont tendance à le perturber, faute de prédateurs avérés. C'est le cas de la tortue de Floride -généreusement remise à l'eau par certains propriétaires quand sa taille devient trop imposante-, des perruches -relâchées dans la nature semble-t-il pour les inquiétudes liées à la grippe aviaire- des cormorans -qui seraient capables d'avaler leur poids en poissons quand l'envie leur prend-, du crocodile (!!!) -des Perreuxiens nous ont raconté qu'il y a des années, un saurien de cette famille avait été dûment relâché par son propriétaire dans la Marne ! -, le ragondin.

Le ragondin, ce glouton

Ragondin, mammifère

Ce rongeur d'allure débonnaire venu tout droit d'Amérique du sud s'est très bien acclimaté aux bords de Marne, où il se reproduit à la vitesse V : en un an, un couple est à l'origine de 16 ragondins ! Et on lui reproche aussi d'autres choses : d'abord, il est glouton -tant pis pour les autres espèces-, il détruit les berges -qui s'érodent et ne permettent plus à certains oiseaux, comme le martin-pêcheur, d'y nicher- et il peut transmettre à l'homme une maladie grave, la leptospirose... Pour toutes ces raisons, une campagne de piégeage est organisée chaque année pour limiter leur nombre.

* Merci à Laurence pour son commentaire sur les ragondins :
«  Je suis passionnée de la faune, notamment des oiseaux, et vos informations sont riches et précieuses. Seul petit bémol, c'est au sujet des ragondins. Ne vous faites pas l'écho des mal embouchés. S'il est vrai que cet animal creuse son terrier dans les berges et fragilise ainsi leur stabilité, il existe des moyens d'y remédier en favorisant une végétation ligneuse. Les racines stabilisent et fixent la terre. Comme vous l'avez si bien écrit, au niveau de Polangis, les piliers du pont de l'autoroute A4 font davantage de dégâts en provoquant l'envasement du petit bras de la Marne ; par ailleurs cet animal inoffensif est loin de pulluler, et que ses détracteurs se réjouissent : l'hiver rigoureux que nous vivons en aura décimé une grande quantité. En effet ce rongeur, importé chez nous pour sa fourrure, ne supporte pas le froid   ».

* Merci à Gérard pour ses précisions sur les cormorans et autres :
«  Savez-vous où trouver les reposoirs -lieu où certaines espèces d’oiseaux se reposent la journée et parfois la nuit dans le Val de Marne ? En trois lieux différents.
- A Saint-Maur, à 200 mètres du pont de Champigny direction La Varenne où  100 à 200 cormorans arrivent en suivant la Seine dès les premières tempête d’automne sur le littoral de la Manche, jusqu’au premier soleil du printemps. Ils viennent se nourrir en plongeant sous l’eau  environ 30 secondes, et profiter de la douceur de notre climat urbain…Patientez sur place et vous les verrez faire des plongées nourrissantes.
- A Nogent sur Marne, prenez la promenade des bords de Marne, arrêtez-vous au niveau du stade, cherchez le plus grand platane, levez la tête et vous en verrez 15 à 20.
 - Au Perreux, après le viaduc de Nogent Le Perreux, allez à la pointe des îles et là vous verrez un grand arbre, reposoir dortoir pour 25 à 30 cormorans
».

« Pourquoi posés ont-ils parfois les ailes entrouvertes face au soleil ? La chaleur réchauffe leur bol alimentaire et facilite leur digestion ».
« Savez vous combien de fois un faucon crécerelle fait de tentatives pour s’offrir un mulot ? 10 tentatives pour une réussie environ ».


Où trouver des lieux spécifiques pour l'observation des oiseaux ?
*  Les îles de la Réserve naturelle départementale - (94)

Entre Champigny et Saint-Maur, les îles de l'Abreuvoir, des Gords et de Pissevinaigre, entre Champigny et Saint-Maur.
* Le Parc de la Haute-Île à Neuilly sur Marne - (93)
Réhabilité, ses anciens chenaux de la Marne restaurés, et voilà le Parc de la Haute-Île devenu un espace de 65 hectares à la biodiversité riche. Des cabanes percées de meurtrières ont été installées pour observer les oiseaux (une quarantaine d'espèces) sans les déranger. : mouettes, canards, cygnes, martins-pêcheurs, passereaux, hérons cendrés ou faucons crécelles... A faire à pied ou en vélo.
* Le Domaine régional du Grand-Voyeux, à Congis sur Thérouanne - (77)
Située dans la vallée de la Marne, cette ancienne carrière reconvertie en espace naturel reconnu Zone de Protection spéciale Natura 2000, accueille sur ses 242 hectares plus de 200 espèces d'oiseaux, et 264 espèces végétales. Elle est partiellement ouverte au public, alors n'hésitez pas.

Et dans l'eau alors ?
La vie va bon train dans la Marne : des ablettes, gardons, brèmes, tanches, truites, perches, goujons, brochets et anguilles côtoient des black bass et des silures -pas vraiment originaires du cru !-. Un pêcheur que nous avons croisé avait capturé une carpe de 14 kg (!) avant de la relâcher...
Je m'en veux de détruire les espoirs de tous ceux qui se réjouissaient du retour dans la Marne des écrevisses, signe d'une meilleure qualité de l'eau : ces écrevisses, dites à pattes rouges, sont invasives et beaucoup moins sensibles à la pollution. En fait l'un des indices de la qualité de l'eau, souligne  le Syndicat mixte Marne Vive, réside plutôt dans  la qualité de reproduction des alevins. A voir comment elle se teste...

 

- QUID DU MONDE VEGETAL ? -


  

Les bords de Marne sont naturellement pourvus en saules, frênes, aulnes, chênes, platanes, tous très importants pour maintenir et protéger les berges. 
Par ailleurs, certaines espèces végétales, difficiles à remarquer pour les néophytes comme moi, sont rares et protégées : la cardamine impatiens, la benoîte des ruisseaux ou la cuscute d'Europe.Cette dernière, de la famille des liserons, parasite les orties, autour desquelles elle enroule son réseau de tiges filiformes pour en absorber l'eau et les substances nutritives. Elle est à éclipse : elle apparaît en fonction de conditions climatiques particulières.

 

Rédigé par Sabine Durand

Publié dans #Faune, #Marne, #Flore

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